C'est un mouvement qui se propage de plus en plus en Brabant wallon : les grainothèques fleurissent un peu partout dans la province. Une simple boîte ou une étagère, le plus souvent installée dans la bibliothèque communale, sert à accueillir les semences déposées par les citoyens. Ces grainothèques reposent sur le principe de gratuité et d'échange. Chacun est libre d'y déposer les graines récoltées sur ses propres plants, qu'ils s'agissent de fleurs, de légumes, d'arbres fruitiers ou encore de plantes aromatiques. Les intéressés n'ont plus qu'à s'y servir.
À la bibliothèque Maurice Carême, à Wavre, l'une de ces grainothèques vient de germer. De cette manière, la Ville souhaite encourager ses citoyens à se lancer dans l'aventure du jardinage et de la culture : "La grainothèque permet aussi de partager des semences de variétés adaptées à notre territoire et d’encourager la biodiversité". Et pour enclencher le mouvement, plusieurs centaines de semences ont été sélectionnées et déposées par la Ville dans le casier installé à la bibliothèque, de manière à offrir un stock de base.
Des grainothèques en tous genres
Des grainothèques de ce genre, on en trouve des dizaines en Wallonie et à Bruxelles. Mickael Teerlinck, un semencier de Jodoigne particulièrement impliqué dans cette démarche, en recense une centaine sur son site internet. "Cela va des grainothèques encadrées par des associations, où les graines sont soigneusement sélectionnées, aux grainothèques citoyennes où on dépose toutes sortes de graines et parfois même des plantes, des fruits et des légumes".
Mickael Teerlinck est lui-même producteur au Potager du Gailleroux. Les grainothèques, ça le connaît puisqu'il s'implique dans leur création. Certaines communes font même parfois appel à lui pour récupérer ses surplus de graines pour alimenter leur nouvelle grainothèque.
Il ne s'agit pas de déposer tout et n'importe quoi
Le producteur nous livre quelques-uns de ses conseils pour ceux qui souhaiteraient se rendre dans une grainothèque. "Il faut surtout faire attention à ne pas encourager les plantes invasives", avertit Mickael Teerlinck. L'objectif de ces lieux d'échange, c'est surtout de favoriser les espèces locales. "Pour un néophyte, c'est pas mal de se concentrer sur des légumes classiques et des plantes autopollinisatrices comme la laitue, le petit pois ou la tomate", ajoute le producteur.
Mickael Teerlinck met en garde ceux qui pensent bien faire en déposant des graines : "Il est important de bien noter l'espèce de la plante, la variété est un plus, son lieu de récolte aussi. On veut éviter les graines du commerces qui sont parfois non-reproductibles ou dont les générations futures donneront de mauvais fruits". L'identification des espèces prend toute son importance quand il s'agit d'éviter des croisements indésirables. "Certaines espèces peuvent vivre avec 10 mètres d'écart entre deux individus de variétés différentes, mais parfois c'est 100 ou 200 mètres. Le seul danger, c'est d'avoir un croisement entre une courgette et une coloquinte, qui peut être toxique."
Alors, si l'aventure vous tente, prenez le temps de vous renseigner. Certaines grainothèques sont encadrées par des experts qui peuvent vous conseiller. Mickael Teerlinck a parfois l'occasion de se rendre dans l'une d'entre elles pour y livrer ses conseils. Novices, amteurs, passionnés et experts : tout le monde y est le bienvenu.
Florentin Franche