Le confinement peut-il être à l'origine d'une hausse de la consommation? C'est la question que ce sont posés des chercheurs de l'UCLouvain au vu des conséquences néfastes qu'on associe au confinement : isolement, émotions négatives, stress, peur, etc.
L'UCLouvain a lancé au début du mois d'avril une enquête auprès des Belges francophones majeurs afin d'évaluer les fluctuations dans la consommations et autres substances en période de confinement. Sur 6.500 réponses prises en compte, il s'avère que la consommation générale d'alcool n'est pas en hausse, on observe même la tendance inverse :
- "À contre-courant de l'idée largement répandue selon laquelle la consommation d'alcool pourrait augmenter massivement durant le confinement (notamment en lien avec la hausse du stress, de l'anxiété ou de l'isolement social), seuls 25 % des répondants décrivent une consommation en hausse durant le confinement (avec une hausse hebdomadaire moyenne de 6 doses standard d'alcool) ;
- 46 % reportent une consommation stable ;
- 29 % rapportent même une réduction de leur consommation suite au confinement ;
- Quant à la consommation d'autres substances, la baisse est généralisée : cigarettes 42 %, cannabis : 52 % et cocaïne 75 %.
L'évolution de la consommation varie en fonction des facteurs démographiques :
- Diminution plus importante de la consommation d'alcool chez les hommes (33 % contre 23 % chez les femmes) et chez les jeunes (20-40 ans : 42 %)
- Hausse plus fréquente de consommation chez les personnes avec un niveau d'études plus élevé (supérieur : 28 % contre 22 % : secondaire) et chez celles et ceux qui font du télétravail (37 %) ou qui ne travaillent plus (38 %) durant le confinement
- Réduction d'alcool très marquée chez les étudiant·es (61 %) et encore plus massive chez les hommes (70 %)
- Le fait d'être confiné à la campagne vs en ville n'influence pas la consommation
- L'isolement social ou l'ennui n'influencent pas non plus la consommation"
Dans le cas où on observait une hausse de la consommation d'alcool et de substances, ce sont les émotions négatives liées à la crise qui sont à mettre en cause : le stress dû au manque de revenus, au travail, à la famille, à l'impuissance face à la crise, la peur d'être contaminé. En revanche, la baisse de la consommation s'explique par l'absence de contacts sociaux : ceux qui boivent habituellement entre amis boivent moins.
Cette enquête a par ailleurs permis de mettre en limière les conséquences psychologiques négatives du confinement : "54 % se disent fortement anxieux et 66 % sont insatisfaits dans leurs contacts sociaux, malgré l'utilisation massive des outils de communication à distance".
Notez que l'enquête se poursuivra encore jusqu'au 4 mai. Pour y participer, il vous suffit de cliquer sur ce lien.
Florentin Franche