L'ambiance est particulière à la clinique Saint-Pierre où on ne livre pas encore véritablement de bataille contre le coronavirus mais où on se prépare à un afflux massif de patients atteints de la maladie au cours des prochains jours.
Ici, le Plan d'Urgence Hospitalière (PUH) a été activé, cela signifie que l'établissement est prêt à modifier l'ensemble de son organisation si la situation devient critique. Autrement dit, le personnel peut être transféré d'un service à l'autre, notamment vers les urgences.
Si l'urgence n'est pas encore de mise, l'organisation a déjà bien changé, "les patients atteints de problèmes respiratoires sont immédiatement mis à l'écart et les prises en charge sont fortement alourdies", nous détaille le Dr Pelgrim, médecin chef du service d'urgences de la clinique. "On est dans une phase ascendante." Au moment d'écrire ces lignes, l'hôpital compte huit cas de Covid-19 hospitalisés dont trois aux soins intensifs, deux d'entre eux sont intubés et ventilés.
Des circuits pas très officiels
Sur la question du matériel, Jean-Pierre Pelgrim nous assure que le personnel est aujourd'hui en mesure de tenir une quizaine de jours. Cela peut sembler large mais il faut pouvoir se projeter plus loin. "On travaille à flux tendu avec les fournisseurs", qui ne savent parfois pas eux-mêmes s'il seront approvisionnés. Le matériel de protection est fourni par "des circuits pas très officiels", nous confie le médecin, qui demande une intervention du gouvernement.
Malgré cette situation tendue, le chef du service d'urgences s'enthousiasme du soutien reçu de la part de "gens qui n'ont rien à voir avec le milieu médical". Les propositions d'aide affluent même s'il n'est pas toujours possible d'y accéder, les dons de masques aussi, une centaine d'entre eux sont parvenus à la clinique.
Une ambiance particulière
Nous avons contacté Gilles Agosti, échevin de la Santé à Wavre et infirmier urgentiste au sein de la clinique Saint-Pierre. Il a fait le choix il y a quelques jours de diminuer drastiquement ses heures à la Ville pour se consacrer pleinement au service des urgences. Il nous fait part de son ressenti : "L'ambiance est très particulière".
"On est déjà prêts et on continue à se préparer tous les jours", poursuit-il. "C'est une organisation parallèle, on a deux salles d'attente différentes, l'une pour les patients qui ne présentent pas de symptômes du Covid-19, l'autre pour ceux qui en ont". Bref, à la clinique, on sent bien que le pire est à venir, les prochains jours vont être critiques.
Florentin Franche