La collaboration avec le régime nazi en 40-45 et le séparatisme communautaire actuel sont-ils liés? 75 ans les séparent et, pourtant, une étude menée par des chercheurs de l'UCLouvain en partenariat avec la KUL, UGent et l'ULB met en évidence un lien entre ces deux éléments.
Sur 922 Belges interrogés (377 Flamands et 545 Wallons), il ressort que le pays est toujours partagé quant à la mémoire de la Seconde Guerre mondiale. "Pour une partie de la population néerlandophone, les collaborateurs ont été historiquement dépeints comme des victimes d’une action anti-flamandes. La collaboration et le soutien à l’amnistie des collaborateurs sont jugées plus morales, acceptables, que du côté de leurs compatriotes. Pour les Francophones, les collaborateurs ont généralement été perçu jusqu’à présent comme des criminels et des traîtres", rédige l'UCLouvain dans un communiqué.
Cette différence de perception aurait un impact sur les choix de vote. Côté francophone, on observe aucune influence, mais chez les néerlandophones, c'est autre chose. "Les personnes les plus favorables à l’amnistie et percevant la collaboration comme tolérable ont tendance à supporter l’option d’une séparation future des communautés. Et ce n’est pas une question de génération : cette tendance se retrouve aussi chez les plus jeunes. Il y a donc bien, pour une partie des Belges, un impact des mémoires de la guerre sur leurs choix politiques."
Amnistie et collaboration s'estompent avec le temps
Il y a un effet générationnel important sur la question de la collaboration et de l'amnistie. On observe beaucoup de néerlandophones âgés favorables à l'amnistie et la collaboration mais nettement moins côté francophone. En revanche, "chez les jeunes néerlandophones et francophones, les positions tendent à se rapprocher", précise Pierre Bouchat, chargé de cours à l'UCLouvain.
La Seconde Guerre mondiale excerce donc toujours une influence sur le vote d'une partie de la population flamande de nos jours mais les opinions tendent à évoluer. "Le poids de ces traces du passé ne suffit pas à compromettre l'avenir commun de la Belgique", conclut l'UCLouvain.
Florentin Franche