Ce dimanche 26 mai, les électeurs belges sont appelés aux urnes. Une triple élection qui concerne trois niveaux de pouvoirs distincts : la Région, le Fédéral et l'Europe.
L'événement est rare puisque les scrutins régionaux et européens se tenaient tous les 5 ans tandis que l'élection fédérale avait lieu tous les 4 ans... jusqu'en 2014. Depuis, les législatures ont une durée de 5 ans, ce qui signifie que, sauf changement, un triple scrutin nous attend à nouveau en 2024.
Pour qui allez-vous voter ?
Vous allez voter pour élire les membres du Parlement wallon, composé de 75 représentants, de la Chambre des représentants où siègent 150 personnes et, enfin, du Parlement européen, composé de 751 sièges.
Toutefois, vous n'allez pas pouvoir voter parmi l'ensemble des prétendants à ces différentes fonctions. Les scrutins sont divisés en circonscriptions électorales :
- En ce qui concerne les élections fédérales, seuls 5 sièges sont à pourvoir pour la circonscription du Brabant wallon ;
- Dans le cas des élections régionales, seul 8 élus seront désignés pour la circonscription électorale de Nivelles, qui correspond exactement au territoire du Brabant wallon ;
- Enfin, 8 députés européens seront élus au sein du collège électoral français, un territoire qui correspond à celui de la Fédération Wallonie-Bruxelles (ex-Communauté française)
En d'autres termes, si vous résidez à Nivelles, vous ne voterez pas pour les mêmes candidats qu'un Liégeois, un habitant de Bruxelles ou encore d'Anvers. L'ensemble des candidats présents sur les listes régionales et fédérales en Brabant wallon sont accessibles sur notre site web, les candidats aux élections européennes sont listés dans ce document.
Qui peut voter ?
Vous disposez du droit de vote si :
- vous avez au moins 18 ans le 26 mai ;
- vous êtes inscrit au registre de la population ;
- vous n'êtes pas déchu du droit électoral suite à une condamnation
À noter qu'il est impératif de résider en Belgique pour disposer du droit de vote aux élections régionales. Un étranger résidant en Belgique ne pourra pas voter pour les élections régionales et fédérales, contrairement aux communales, mais il pourra voter pour élire les membres du Parlement européen, à condition d'être citoyen de l'un des 28 États membre et d'être inscrit auprès de sa commune de résidence avant le 28 février.
Comment ça va se passer le 26 mai ?
Toute personne remplissant les conditions pour disposer du droit de vote a reçu dans sa boîte aux lettres une convocation à un bureau de vote. Il faudra s'y rendre entre 8h et 14h pour le vote papier, jusqu'à 16h pour le vote électronique.
Une fois entré dans l'isoloir, ce sont bien trois bulletins (ou écrans) distincts qui se présenteront à vous. Votre choix pourra alors se porter sur la liste complète, ce qui signifiera alors que vous êtes d'accord avec l'ordre défini par la liste ; sur un ou plusieurs candidats si vous ne souhaitez accorder votre voix qu'à certains noms présents sur la liste ; sur aucun des candidats, le vote sera alors considéré comme blanc et ne comptera pas dans la répartition des sièges.
Un bulletin qui comporte une rature, un dessin, plusieurs listes cochées ou toute autre inscription, rendra le vote nul. Dès lors, il ne sera pas non plus comptabilisé. À noter que les votes blancs et nuls ne vont pas à la majorité tel que le véhiculent certaines croyances populaires, le scrutin est propotionnel au nombre de voix valides.
Comment se répartissent les sièges ?
Une fois que l'ensemble des voix ont été comptabilisées, les sièges vont être distribués au sein de chaque circonscription électorale.
Pour rappel, huit sièges sont à pourvoir au sein du Parlement wallon et actuellement répartis comme tel : 4 MR / 2 PS / 1 Ecolo / 1 cdH. Cinq sièges seront attribués aux élus à la Chambre, dont la répartition est actuellement la suivante : 3 MR / 1 PS / 1 Ecolo.
D'une élection à l'autre, tous les sièges sont redistribués en suivant la clé de répartition de d'Hondt. Pour comprendre son fonctionnement, prenons un exemple :
- Dix sièges sont à pourvoir
- 100.000 bulletins de vote et, parmi eux, 10.000 sont blancs ou nuls
- Quatre listes sont inscrites ont obtenu les scores suivants : liste 1 (14.400 voix), liste 2 (42.900 voix), liste 3 (27.600 voix) et liste 4 (5.100 voix)
Suivant cet exemple, on n'effectuera le calcul que sur 90.000 votes puisque 10.000 sont blancs ou nuls et ne peuvent donc être comptabilisés.
Passé cette soustraction, on divise les scores de chaque liste par 1, 2, 3, 4 et ainsi de suite.
> Liste A : 14.400 - 7.700 - 4.800 - 3.850
> Liste B : 42.900 - 21.450 - 14.300 - 10.725
> Liste C : 27.600 - 13.800 - 9.200 - 6.900
> Liste D : 5.100 - 2.550 - 1.700 - 1.225
Après division, les dix meilleurs scores (en gras) sont retenus pour déterminer les sièges qui sont attribués à chaque liste. La liste A obtient donc 2 sièges, les listes B et C en reçoivent 4 chacune et, enfin, la liste D ne décroche pas le moindre siège.
En Belgique, un parti est contraint d'atteindre le seuil d'éligibilité de 5% dans une circonscritpion, ce qui signifie dans notre exemple qu'une liste doit obtenir un score minimum de 4.500 voix pour être éligible à un siège, et ce, même si son score global à l'échelle du pays est inférieur à 5%.
En dernier lieu, il convient de déterminer qui sont les élus au sein de la liste. Pour ce faire, on divise l'ensemble des voix comptabilisées au sein de la liste par le nombre de sièges obtenus augmenté de 1 pour obtenir le "chiffre d'éligibilité". Tout candidat au sein de la liste qui dépasse ce score se voit automatiquement attribuer un siège.
Toujours selon notre exemple :
Au sein de la liste B, un candidat obtient 10.000 voix de préférence et dépasse donc le chiffre d'éligibilité fixé à 8.580 (42.900/5). Il obtient donc l'un des quatre sièges. Trois sont encore à déterminer.
On poursuit le calcul en distribuant les votes en case de tête jusqu'à ce que le chiffre d'éligibilité soit atteint en commençant par la tête de liste. Seuls les candidats effectifs peuvent prétendre à un siège, les suppléants ne siégeront que si un élu renonce à son siège, en devenant ministre au sein d'un gouvernement par exemple.
On dénombre 15.000 votes pour la case de tête sur la liste B. La tête de liste a déjà obtenu le 1er siège, on distribue donc 5.580 voix pour le 2e candidat qui en a déjà obtenu 3.000 et 4.580 au 3e qui en a obtenu 4.000. Les 4.840 voix restantes ne permettent pas au 4e candidat sur la liste (2.000 voix) de franchir le seuil des 8.580 voix, il est toutefois élu puisqu'elles lui permettent d'avoir 6.840 voix, soit plus que les candidats encore non élus.
Les derniers sièges sont attribués aux candidats non élus qui ont obtenu le plus grand score, peu importe leur position sur la liste.
Le candidat 7 obtient 3.000 voix, le meilleur score parmi les non élus, il obtient donc le dernier siège.
Et après le 26 mai ?
Il est temps pour les partis de former une majorité. Étant donné qu'il est devenu pratiquement impossible pour un parti seul décrocher plus de la moitié des sièges, il est nécessaire de former une coalition. Le premier parti en termes de sièges va donc discuter avec les autres partis pour tenter d'obtenir une majorité au sein du Parlement (au moins 38 sièges sur 75 pour le Parlement wallon, 76 sièges sur 150 à la Chambre).
De la coalition naît ensuite le gouvernement, l'organe exécutif dont le rôle majeur est d'appliquer concrètement les lois votées au sein du parlement. Mais en Belgique, nous le savons, un gouvernement met parfois bien du temps avant de se former.
Florentin Franche