269, c'est le nombre de femmes qui occupent un siège dans les conseils communaux du Brabant wallon. Cela représente plus de 44% des sièges disponibles au cours de cette mandature. Et si l'égalité n'est pas encore atteinte, c'est en Brabant wallon que ce chiffre est le plus élevé en Wallonie.
Depuis plusieurs semaines, TV Com rassemble autour de la table les candidat.e.s aux élections du 13 octobre, commune après commune. Plus d'une fois, notre rédaction a été interpelée par le public sur la quasi-absence de femmes autour du plateau. En toute transparence, chaque liste est libre de présenter le ou la candidat.e de son choix. Dans la plupart des cas, ce sont les têtes de liste qui viennent défendre leurs idées en plateau, à quelques exceptions près. Et force est de constater que les femmes sont bien moins représentées, voire absente des débats pour certaines communes.
Partant de ce constat, nous avons décidé de creuser la question plus en profondeur. Dans son dernier Courrier Hebdomadaire, le CRISP mentionne ce chiffre : "Parmi les 609 conseillers communaux élus dans l’arrondissement de Nivelles en 2018, 269 (soit 44,2 %) sont des femmes (+ 6,4 % par rapport à 2012)". Ce faisant, le Brabant wallon est la province qui se classe en première position en termes d'élues dans les conseils communaux (la moyenne wallonne étant de 38,8%). Même constat dans les collèges communaux, où la proportion est cependant moindre, avec à peine plus de 38% de femmes pour le Brabant wallon (la moyenne wallonne se situe à 35,6%). Rappelons que, depuis la loi du 17 juin 2002, la présence égales d'hommes et de femmes est exigée sur les listes électorales en Belgique, quel que soit le niveau de pouvoir. Une parité illusoire puisqu'en réalité, les listes complètes sont composées d'un nombre impair de candidats.
Intéressons-nous maintenant au poste de bourgmestre. Le constat est sensiblement le même pour la Jeune Province. Six femmes occupent cette fonction parmi les 27 communes du territoire, soit une proportion de 22,2%. Un chiffre en nette progression par rapport aux précédentes élections (trois femmes désignées bourgmestres à l'issue des élections en 2012 et deux en 2006). À peine plus qu'en province de Liège, qui arrive en seconde position avec 21,4% de femmes-bourgmestres. C'est la Province du Luxembourg qui fait office de lanterne rouge avec un score de 13,6% de maïeures.
Si les femmes sont mieux représentées au sein des conseils communaux, l'accès au maïorat reste lui une affaire d'hommes.
La place des femmes sur les listes électorales en 2024
En date du 13 septembre, une centaine de listes ont été déposées pour l'arrondissement de Nivelles (correspondant à la province du Brabant wallon pour les élections locales). En s'intéressant plus précisément au sexe de la personne qui occupe la première place de chacune d'entre elles, on constate rapidement que ce sont les hommes qui sont les plus représentés : 68 hommes pour 32 femmes. Compte-tenu de ce chiffre, on comprend mieux pourquoi les femmes sont minoritaires lors de nos débats électoraux.
Le principe de tirette instauré en 2018 et censé amener un équilibre hommes-femmes au sein des listes règle d'ailleurs pas la place des femmes en première position. Selon Pierre Baudewyns, professeur à l'Institut des Sciences politiques de l'UCLouvain, une des raisons de la sous-représentativité des femmes se trouve ailleurs : "Il y a toute une série de facteurs qui expliquent pourquoi un certain nombre de femmes ne passent pas le pas de s'engager en politique." Le politologue évoque, en vrac, les inégalités socio-économiques, culturelles ou encore le rôle de la femme dans notre société. "Ces inégalités-là, la loi électorale ne les résoud pas. Ceci explique qu'aujourd'hui parfois, pour un certain nombre de partis, voire de listes, c'est extrêmement compliqué d'observer la loi, ce système de tirette, tout simplement parce qu'il n'y a pas de candidates."
En examinant la répartition des sexes parmi les candidat.e.s en première position sur chaque liste, on constate que dans cinq communes brabançonnes, aucune femme ne figure en tête. L'exemple le plus parlant ? La Ville de Tubize, dont chacune des neuf listes est menée par un homme - à noter que deux d'entre elles ne comptent même qu'un seul candidat, masculin donc.
À l'inverse, il n'existe pas de commune où toutes les listes sont conduites par une femme. En d'autres termes, il y a toujours au moins un homme qui tire une liste dans chaque commune. Cinq communes présentent une prédominance féminine au niveau des têtes de listes : Braine-le-Château, Grez-Doiceau, La Hulpe, Walhain et Waterloo. Deux listes sont dirigées par une femme et une troisième l'est par un homme dans chacune d'entre elles.
Une représentativité féminine en augmentation
Revenons-en à notre question de départ : le Brabant wallon est-il une province égalitaire ? Côté chiffres, la réponse est claire : c'est non. Dans l'absolu, la place des femmes se fait tout de même plus importante au fil des élections dans la Jeune Province. En 2018, six communes ont désigné une femme comme bourgmestre, contre trois en 2012 et seulement deux en 2006. On notera par ailleurs que les collèges de six communes sont paritaires voire majoritairement féminins. Partout ailleurs, la gente féminine y est minoritaire. En la matière, Incourt fait figure de mauvaise élève où elles représentent moins de 20% des élus.
Quid de élections du 13 octobre 2024 ? Impossible de prédire l'issue exacte de ce scrutin. On peut toutefois extrapoler les résultats dans les six communes actuellement leadées par une femme. Les chances d'y reconduire une majorité pour la liste de chacune des maïeures en place y est élevée, exception faite d'Ottignies-Louvain-la-Neuve où la situation semble plus incertaine. Difficile de dire à ce stade si les femmes seront plus représentées à la table des bourgmestres du Brabant wallon passé les élections. Réponse... le 13 octobre prochain !