L'image est quasiment surréaliste : Louvain-la-Neuve, d'ordinaire fréquentée par ses habitants, ses étudiants, ses travailleurs, ses chalants, complètement vidée de sa population. Ces instants, le musicien néolouvaniste Simon Bériaux les a capturé seul en arpentant les rues de sa ville dans son dernier clip intitulé "la dormaison".
Avec sa petite caméra et un trépied fabriquée maison, l'artiste a sillonné les rues de la ville les 28 et 31 mars derniers, du matin au soir. Le résultat, c'est la traversée du musicien d'un bout à l'autre de la cité estudiantine, ne croisant que quelques rares badauds. Une situation qu'il n'aurait jamais imaginé auparavant.
Pour obtenir ce résultat en images, le confinement aura suffi, l'artiste n'aura fait usage de quasiment aucun artifice. "J'ai triché une fois sur la Grand'Place", avoue Simon Bériaux, "il était 13h45 et il y avait une dame qui passait avec sa poussette, je me suis dit qu'elle était tout le temps vide alors c'était trop bête".
Le Louvain-la-Neuve d'antan
L'artiste dit avoir été contacté par de nombreux habitants de la ville qui retrouvent l'ambiance qui y régnait alors qu'elle ne faisait encore que naître. Aux premières heures, Louvain-la-Neuve était une ville à deux vitesses : active la semaine avec ses étudiants, à l'arrêt le week-end, laissée aux mains des habitants.
La dormaison, c'est un texte qui raconte le retrait du musicien en forêt qu'il a opéré en 2009. Dix ans plus tard, il a écrit une chanson relatant cette histoire mais il l'avait alors jugée trop personnelle. Quelques mois plus tard, la crise du coronavirus l'a touché ainsi que le reste du monde, quelque chose auquel personne ne s'attendait mais qui a imposé à des milliards de personnes de vivre enfermées chez elles. Un isolement qui lui rappelle celui qu'il s'est imposé en forêt, l'histoire prenait à présent tout son sens. Simon Bériaux a estimé qu'il pourrait dès lors la partager dans ce clip.
Florentin Franche