Depuis près d'un an, la confiance est rompue entre le centre culturel de Braine-l'Alleud (CCBA) et les autorités communales. Des tensions cristallisées autour de la question des subsides communaux.
Pour son fonctionnement, le centre culturel brainois se repose majoritairement sur deux subventions : l'une émanant de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l'autre, d'un montant de près de 220.000 euros, payée par la Ville. Or, selon le centre culturel, les autorités brainoises ont refusé de verser le subside 2021 durant de longs mois. Fin novembre, celui-ci n'avait toujours pas été perçu. Le CCBA s'est vu contraint d'intenter une action en justice pour l'obtenir. "Dos au mur, la Commune a liquidé la subvention la veille de l’audience, en soirée. Cela n’a toutefois pas empêché le Président du Tribunal de rappeler fermement la Commune à ses obligations", indique le centre culturel dans un communiqué.
De lourdes accusations sur la gestion financière du centre culturel
Liée au centre à un contrat programme pour la période 2020-2024, la Ville est tenue de verser son subside à hauteur de 85% durant le premier trimestre de l'année, les 15% restant étant dus suite à la remise du bilan et des comptes. Mais alors, pourquoi la Commune a-t-elle suspendu le paiement ? Alertée par des fuites concernant la gestion financière du centre, la Ville a décidé de commanditer un audit. Les dénonciations font notamment mention de malversations, de caisses parallèles ou encore de documents dissimulés.
Selon les juristes mandatés par le centre culturel et le cabinet Linard, l'audit n'a rien révélé de troublant dans la gestion des comptes du CCBA. Seules quelques pistes d'amélioration dans la gestion financière sont suggérées. "À la lecture de ce rapport d'audit, tout le monde nous confirme qu'il n'y a rien. Et par tout le monde, j'entend tous nos pouvoirs subsidiants à l'exception de l'Administration communale. Arrêtons de nous faire croire qu'on déchire, qu'on égare, qu'on supprime des documents de notre comptabilité. C'est une erreur grossière", atteste la présidente du Conseil d'administration du CCBA, Aurélie Étienne.
L'interprétation de la Commune sur ce rapport est tout autre. De sérieux manquements sont pointés par l'Administration brainoise. Sous peu, la Commune va dénoncer ces faits au Procureur du Roi, qui sera chargé à son tour d'analyser le dossier et de déterminer si, oui ou non, le centre culturel a fait preuve d'une gestion financière frauduleuse. "La Commune, pour le moment, ne prend aucune initiative de constitution de partie civique à l'égard du centre culturel", selon l'avocat mandaté par la Ville. "Toute personne publique qui est confrontée à une suspicion d'infraction doit la dénoncer aux autorités judiciaires. À défaut de se faire, la Commune se mettrait en défaut elle-même", ajoute encore l'avocat.
L'avenir du centre toujours flou
Si le versement a bien été effectué pour l'année 2021, le centre culturel émet malgré tout des craintes quant à son avenir, au vu des tensions qui règnent encore avec les autorités communales. Les craintes d'avoir à retourner devant la justice pour régler ses comptes sont bien réelles au sein du centre. "Les responsables de l'asbl sont des bénévoles. Au-delà du risque financier, au-delà du Covid qui frappe de plein fouet le secteur culturel, le risque c'est qu'il y ait une lassitude. Le risque, c'est que le centre culturel, tel qu'on le connaît aujourd'hui, jette l'éponge et dise : nous ne sommes pas là pour engager des procédures, même si nous en sortons victorieux", témoigne l'avocat du CCBA.
Le souhait des acteurs du centre est pourtant bien de renouer le dialogue avec la Ville. "Notre souhait est inchangé : c'est de travailler main dans la main avec l'Administration communale, avec la Province, avec la Fédération Wallonie-Bruxelles pour offrir aux Brainois une qualité de culture telle qu'ils la méritent", soutient Aurélie Étienne. Une chose est certaine, le dialogue est rompu entre les deux entités. L'avenir du centre dépendra probablement de l'avis que rendra le Procureur du Roi après analyse de ce dossier.
Florentin Franche - Reportage : Nathalie Wacquez - Images : Patrick Lemmens & Philippe Michaux