Sarah arrive tout droit de Namur après un bachelier bouclé en 4 ans. C'est la première fois qu'elle loue un kot depuis qu'elle a entamé des études supérieures et, comme beaucoup d'autres étudiants à Louvain-la-Neuve, elle découvre les soirées, les cercles, l'alcool. Mais rapidement, le malaise s'installe avec un cokoteur de la jeune fille, un dénommé "Patrick" mène des activités suspectes qui s'avèrent être un réseau de violeurs qui abusent d'étudiantes à l'aide de drogue.
Tout semble tellement vrai
Cette histoire livrée en plusieurs épisodes sur la page UConfessions fourmille de détails : les escaliers glissants de la Petite Casa, les couloirs de kots de l'Hocaille, les cours manqués des lendemains de soirées, les "pré-soirées" à coups de Carapils tièdes, etc. Une histoire qui mène peu à peu vers l'horreur, un récit sous forme de posts Facebook épisodiques sur une de ces pages qui cartonnent pendant la période de blocus.
Cette histoire, aussi effroyable que vraisemblable, n'a pourtant rien de vrai. Derrière Sarah, c'est un étudiant en linguistique qui se cache. Louis Escouflaire a tout inventé et, dans un ultime post sur UConfessions, le jeune homme livre des explications : "#18938 Je suis l’auteur de #lasuitedemain. Je ne viens pas d’arriver à Louvain-la-Neuve, je ne m’appelle pas Sarah, je ne suis pas une fille. L’histoire que je vous ai racontée n’est pas une histoire vraie, même si elle se passe à Louvain et que beaucoup de détails la rendent réaliste. Mais cela ne veut pas dire que tout ce que j’ai raconté est faux."
La voie des réseaux sociaux
Dans son explication, Louis Escouflaire évoque les rumeurs de viols pendant les 24H Vélo à Louvain-la-Neuve ou encore l'histoire de cette fille embarquée dans un faux taxi Collecto à l'ULB décrite sur une page estudiantine similaire. Le jeune narrateur ne voulait pas insuffler un vent de terreur dans les rues de la cité estudiantine, mais bien sensibiliser le public aux dangers qu'elles comportent. L'objectif est-il atteint? Difficile à dire. Néanmoins, son histoire a suscité une vague de réactions sur les réseaux. Plus de 3.000 commentaires à chaque épisode, 20.000 votes au sondage interrogeant les répondants sur la réalité du récit et près de 100.000 personnes touchées par chacun des derniers épisodes.
Louis Escouflaire estime que le buzz est né "en jouant avec la frontière entre la réalité et la fiction, en intégrant des références au monde néo-louvaniste". Il tient d'ailleurs à remettre certaines choses à leurs places, certains éléments du récit étant si proches de la réalité qu'ils pourraient avoir un impact néfaste à ceux qu'ils concernent (notamment les vestes "d'agents de sécurité" utilisées par le réseau de violeurs, rappelant celles des agents Securitas).
La suite de #lasuitedemain?
#lasuitedemain, une histoire au retentissement tel que son auteur a rencontré le vice-recteur aux affaires étudiantes ce mardi matin. Un auteur qui, d'ailleurs, dispose d'une plume complimentée à plus d'une reprise. Et à raison, puisque Louis Escouflaire est le premier lauréat du prix Laure Nobels, créé en 2014, qui l'avait récompensé pour son recueil de nouvelles "D'un simple regard".
Voici le texte du premier épisode livré par Louis alias "Sarah" :
Florentin Franche - Reportage : Nathalie Wacquez