Outre un intérêt qui s’apparente à une vocation pour cette profession difficile, il faut aujourd’hui aux étudiants une double motivation pour se diriger vers le métier d’infirmier qui fait la une de l’actualité pour ses aspects de plus en plus pénibles.
La formation est passée de 3 à 4 années d’étude, les futurs infirmiers perdent donc un an de revenus. De plus, ils seront amenés à prendre de plus en plus de responsabilités alors que les salaires n’évoluent pas en conséquence et que les conditions de travail se détériorent de mois en mois. Plus de charge de travail, moins de temps avec chaque patient, personnel en pénurie, compliqué dès lors, pour les hautes écoles en soins infirmiers, d’attirer de nouveaux élèves.
Moins d'élèves dans les écoles de soins infirmiers
À Louvain-la–Neuve, la Haute École de soins infirmiers Vinci qui a ouvert ses portes en 2013 a accusé lors de la dernière rentrée scolaire une diminution du nombre d'inscriptions de l'ordre de 20 pourcents, tandis que l’implantation de Woluwé subissait une baisse de 23 pourcents en septembre dernier.
Rencontre avec deux étudiantes en bachelier de la Haute École Vinci de Louvain-la-Neuve qui débuteront leur carrière en juin prochain
Ces difficultés n’ont pas découragé Marie et Mathilde qui poursuivent leurs études en toute connaissance de cause. Étudiantes en 4e année, elles ont déjà travaillé de très nombreuses heures lors de leurs stages en situation réelle au sein des différents services hospitaliers. Elles ont pu se rendre compte par elles-mêmes des conditions souvent difficiles dans lesquelles les infirmiers et infirmières professionnels exercent leur métier au quotidien.
"Le secteur médical en général est en souffrance", explique Mathilde Walgraffe, étudiante en 4e année, "je trouve que la charge de travail est vraiment énorme par rapport au personnel présent pour travailler, je trouve que c’est très lourd comme charge de travail, je comprends qu’à un moment on manifeste".
Cependant ces deux étudiantes gardent le cap avec dans la tête les motivations qui les ont incitées à entreprendre ces études et un regard positif sur leur future profession.
Une belle aventure humaine
"Il faut se dire que c’est un métier qui, au niveau humain, va nous apporter énormément. Ce qui nous permet de continuer au jour le jour, c’est de se lever pour aider son prochain. Il faut avoir ça en soi, sinon ce n’est pas vraiment possible. Je me dis aussi qu’un autre avantage est que ces études s’ouvrent sur un large éventail de possibilités de carrières", raconte Marie Vandergheynst étudiante en dernière année
Il faut changer l’image de la profession d’infirmière et d’infirmier
"L’image de l’infirmière est encore trop souvent associée par le grand public à celle des anciennes religieuses qui professaient au sein des hôpitaux. Nous avons une identité propre, un rôle de plus en plus autonome avec des responsabilités plus importantes. Les infirmières bachelières sont amenées à exécuter davantage d’actes techniques spécifiques qui font appel à une réflexion spécialisée", explique Florence Orlandi, responsable du département des soins infirmiers pour les deux implantations de la Haute École Vinci de Louvain-la-Neuve et Woluwé.
Quoi qu’il en soit, si cette profession qui est au centre du bien-être n’est pas revalorisée, on peut craindre que la pénurie chronique d’infirmiers qui s’est déjà amorcée n’ira qu’en s’aggravant.
Nathalie Wacquez - Images : Dominique Tournay