Alors que l'Amérique vote et écrit un nouveau chapitre de son histoire, revenons quelques années en arrière, au 19e siècle, avec cet autre chapitre, celui qui concerne ces Brabançons wallons qui ont tout quitté pour partir dans le Wisconsin vivre le rêve américain.
1852, des familles entières venues de Grez-Doiceau et de Wavre se laissent séduire par le discours de recruteurs à la solde de compagnies maritimes. Ces familles embarquent à Anvers, traversent l'Océan Atlantique en bateau et arrivent à Green Bay dans le Wisconsin. Ces hommes et ces femmes fuient la misère et la famine. Elles ne rêvent que de grands espaces, de belles maisons et d'abondance. Oui mais voilà, arrivées sur place, c'est une autre aventure qui les attend...
"Les belles maisons qu'on leur avait promises n'existaient pas", raconte Madame Monfils, l'une des descendantes de ces aventuriers. "Il n'y avait que des bois. Très vite, ils ont rencontré des Indiens qui leur ont appris à survivre dans ces conditions extrêmes. Ils leur ont montré comment récolter le sirop d'érable et comment cultiver le maïs !" De son côté, Monsieur Monfils renchérit et explique : "Ce sont ces mêmes Indiens qui leur ont appris à pécher sur l'eau gelée de la baie, en creusant un trou dans la glace."
Ce témoignage de la famille Monfils fait partie des archives de TVCom. Votre média de proximité s'est toujours intéressé à l'histoire de ces familles de migrants partis vivre le rêve américain. Les Monfils sont allés à de nombreuses reprises dans le Wisconsin sur les traces de leurs ancêtres. Ils ont même transformé l'un de ces déplacements en voyage de noces... avec, à la clé, un film Super 8 avec couché sur pellicule tout ce qu'ils ont vu... dont ces petits bouts de Brabant wallon importé au 19e siècle. D'ailleurs, ils n'ont jamais été dépaysés là-bas en découvrant sur les routes US des villes comme Walhain, Rosières ou Namur !
Du wallon made in America
Sur place, nos migrants brabançons s'exprimaient en wallon ! Une langue qui s'est transmise de génération en génération avec quelques petites adaptations. "Aujourd'hui, ce wallon est teinté de mots anglais", peut-on entendre de la bouche d'un spécialiste interviewé dans l'un de nos reportages diffusés dans les années 2000. "Des mots comme téléphone, voiture ou avion. Des mots anglais qui n'existaient pas quand ils sont arrivés. donc quand ces Américains du Wisconsin parlent le wallon, vous avez des expressions anglophones comme caller... du verbe to call... téléphoner en anglais"
Ces liens entre le Brabant wallon et le Wisconsin ont toujours été bien entretenus chez nous. Toutes ces années, de nombreuses visites d'Américains chez nous ont été organisées pour qu'ils puissent retrouver leurs lointains cousins. Et quand ce ne sont pas les Américains qui débarquent chez nous, ce sont les Brabançons qui partent là-bas.
Hommage festif
En 2023, la commune de Grez-Doiceau avait rendu un bel hommage aux Gréziens partis à l'aventure. Un hommage festif entre cérémonie officielle à la commune, témoignages de descendants, concerts et exposition. Même si plus de 6500 kilomètres séparent le Brabant wallon de ces terres américaines, vous avez maintenant la preuve que dans la Jeune province, on a tous quelque chose en nous de... Wisconsin !