Changer de vie professionnelle, c’est ce qu’a fait Tristan Philippe, il y a 4 ans. Ancien webdesigner et développeur web, il a voulu travailler de ses mains après avoir construit sa maison et il s’est lancé… dans la céramique, qu’il a découverte à cette époque.
Ne pas être parfait
Un choix fort, mais loin d’être simple. Pourtant, le Rixensartois fait parler de lui, grâce à ses bols, tasses, assiettes ou vases uniques. "Je suis souvent sur la couleur, les émaux, la forme", détaille Tristan Philippe. "J'aime les formes pures, sans chichis. Des formes plutôt carrées ou très épurées. Avec beaucoup de couleurs. Et des taches. Moi, ce sont vraiment les taches qui m'intéressent et de ne pas être parfait, d'être imparfait, de faire des assiettes qui ne se ressemblent pas. Si on en prend cinq, il y a une unité mais elles sont différentes".
Un travail de création qui a séduit des chefs comme Alessandro Ciriello de l’Horizon à Chaumont-Gistoux, ou des restaurants comme Empreinte à Lille et Les Apothicaires, à Lyon. Tristan Philippe répond aussi à des commandes de particuliers et propose également ses pièces à la vente dans plusieurs magasins. Zen Intérieur à Rixensart, par exemple. "Ce qui nous a attiré dans son travail, c'est le travail sur les matières", précise Maxime Vanheuverzwijn, l'un des collaborateurs de la boutique. "C'est très bien accueilli, cela a beaucoup de succès et la clientèle recherche cela, ces matières aux effets naturels, des objets qui ne sont pas produits en série".
Autodidacte
Tristan Philippe est autodidacte, il s’est formé via des vidéos sur internet et quelques stages. Sa création évolue, au fil des inspirations, des réflexions, des expériences et des centaines d’essais effectués. Mais le point de départ de toute pièce, c’est une simple boule de terre. "On part d'une terre brute, d'une boule et puis, cinq minutes plus tard, c'est un bol, une assiette...c'est magnifique, c'est incroyable. Comme c'est tourné à la main et que je ne suis pas une machine, même si je me dis que le diamètre est de 10 centimètres, cela va parfois changer. Aujourd'hui, les chefs ne veulent pas quelque chose qui soit complètement uniforme. Ils veulent des différences, des accidents. C'est cela qu'ils viennent chercher chez moi".
Après avoir dessiné la forme de l’objet dans son atelier à domicile, Tristan Philippe procède à la cuisson dans son second local situé à Limal. Une double cuisson de 48 heures, en fait, entrecoupée de l’émaillage. Un premier passage au four à 950 degrés et un deuxième à 1280 degrés. "C'est là où la magie intervient, au niveau des couleurs. On passe du rouge au rouille, au vert, etc. C'est hallucinant la différence entre ce qui rentre et sort du four".
Soigner chaque objet
Entre la motte brute et le produit final, il s’écoule trois semaines, durant lesquelles l’artisan est tributaire des contraintes et délais imposées par la terre. Une façon de travailler que Tristan Philippe apprécie. Pas question pour lui d’augmenter sa production d’une cinquantaine de pièces par mois. Cet artisan brabançon préfère soigner chaque objet et maîtriser sa production de A à Z.
Pour découvrir le travail de Tristan Philippe, son site internet.
François Namur - Images : Adrien Broze et Patrick Lemmens