CSC, FGTB et CGSLB viennent à l'instant de sortir un communiqué de presse commun. Le titre est sans équivoque: "Bombe sociale à NLMK Clabecq". Pour les syndicats, l'impact du plan industriel sur les équipes représente une économie de 20 millions d'euros. Les syndicats pointent la disparition de pans entiers de production, la sous-traitance de plusieurs services, une flexibilité et polyvalence maximale et l'automatisation de certaines tâches.
Les syndicats estiment encore "que le sort du personnel qui reste n'est pas plus enviable par rapport à celui de ceux qui seront licenciés." Pour eux, la direction prévoit de faire des économies sur le coût du travail pour plus de 3,5 millions d'euros par divers moyens: la révision des primes, le gel de l'indexation des salaires pendant trois ans, de nouvelles règles sur les heures supplémentaires, la dénonciation de certaines conventions collectives de travail ou encore un plan d'action sur l'absentéisme.
Dans le viseur des syndicats, le ministre wallon de l'Economie. "Avec l'aval du Ministre Jeholet, la direction enflame l'usine de Clabecq avec la présentation de leur plan industriel" précise encore le communiqué.
La tension est vive chez NLMK Clabecq. La présentation du plan industriel ne passe vraiment pas du côté des syndicats. "Ce plan est imbuvable, explique Matteo Villani, permanent FGTB. Pour les travailleurs qui restent, les conditions sont terribles. Impossible de présenter un tel plan à la base."
La colère est la même du côté de la CSC. "Je n'ai jamais vu ça, poursuit Lahoucine Ourhibel de la CSC. La direction veut geler les salaires pendant quatre ans et pratiquer le saut d'index. Les heures supplémentaires ne seront pas payées. C'est tout simplement infect".
Gianni di Dio, délégué syndical FGTB #LNMK pic.twitter.com/cQkKIqdxuQ
— TvcomBW (@Tvcombw) 31 janvier 2019
Usine à l'arrêt
On pensait pourtant le dialogue renoué chez NLMK Clabecq. Hier, la direction avait accepté certaines conditions des syndicats; notamment la mise en place d'un bureau d'expertise externe pour analyser la situation. Mais voilà, après avoir pris connaissance du plan industriel, les syndicats déchantent.
Du coup, les négociations n'ont même pas démarré. La réunion prévue en fin de journée avec le ministre Kris Peeters a été annulée. Les syndicats ont décidé de mettre l'usine à l'arrêt. Les travailleurs sont avertis. Le plan industriel ne leur sera même pas présenté dans ces conditions. Nous reviendrons demain sur cette situation qui, je vous le rappelle concerne le licenciement de 290 travailleurs sur les 580 que comptent le site de NLMK Clabecq.
Certains cadres et membres du personnel seraient empêchés par les autres travailleurs de quitter le site. On parle de 80 personnes. "Notre souci premier est de veiller à la sécurité de tous nos travailleurs, fait remarquer Jean-Paul de Bartolo, responsable de la communication pour NLMK. Bien sûr on comprend l'état d'esprit des travailleurs mais on ne peut accepter qu'une partie d'entre eux empêchent les autres de sortir."
Jean-Paul de Bartolo précise que le plan industriel a été poussé très loin. Il a bien été présenté aux délégations syndicales ce jeudi. Le sera-t-il demain à l'ensemble du personnel? "C'est trop tôt pour le dire, poursuit-il. D'autant que les syndicats ne veulent pas le faire."
La direction rappelle par voie de communiqué que "des changements profonds sont malheureusement indispensables pour redonner un avenir à notre usine et assurer la rétention de 50% des emplois." La direction rappelle également qu'il est essentiel de revenir au plus vite à la table des négociations pour avancer dans ce processus indispensable pour le futur de l'usine de Clabecq. Pas certain que les syndicats soient prêts à reprendre le dialogue dans les conditions actuelles.
Pierre Thirion