Le projet I-Dyle, c'est son nom, est la première phase de la réhabilitation du site de l'ancienne sucrerie. L'enquête publique a débuté ce lundi. Les citoyens de l'entité ont un mois pour consulter le dossier et donner leurs avis. Une réunion d'information, publique et ouverte à tous, se tiendra ce mercredi 30 novembre à 18h à l'Espace 2000.
260 logements sur 8 hectares
Le site est aujourd'hui divisé en trois zones. L'une d'une cinquantaine d'hectares. Elle est protégée et a été rendue à la nature. La deuxième est une zone de 20 hectares et fait l'objet d'un projet qui en est à ses débuts. Il prévoit la construction d'une école secondaire (si la Fédération Wallonnie-Bruxelles le permet) mais aussi de zones d'activités pour les entreprises (PME) et d'une maison de repos.
La troisième zone, dont l'enquête publique est en cours, se situe à Loupoigne à proximité des terrains de football de Ways-Genappe. Elle fait près de 10 hectares et l'idée est d'y construire 260 logements. Actuellement, ce site de 8 hectares exactement est composé de zones agricoles et d'une chapelle classée. Les anciennes installations de la sucrerie, qu'on voit sur la photo ci-dessus, ne sont donc pas concernées par ce projet.
En vue de l'obtention d'un permis d'urbanisme...
C'est en 2004 que la sucrerie a cessé ses activités. Depuis, le site a fait l'objet de nombreux projets. En 2008, il a été racheté par la Région Wallonne. 8 ans plus tard, la commune et la Région se sont mises d'accord pour réhabiliter une première partie du site. Mais certains opposants ne comprennent aujourd'hui pas pourquoi on ne débute pas ces futurs travaux par la réhabilitation du chancre de la sucrerie. Un projet qui viendra, en effet, dans une deuxième phase.
Contacté par téléphone, Gérard Couronné, bourgmestre de Genappe, se dit confiant dans ce dossier d'écoquartier qui fait l'objet d'énormément de discussions et de questionnements au sein de sa commune. Il rappelle que le dossier peut être consulté au service de l'urbanisme à la Maison communale jusque mi-décembre. Si aucune décision défavorable n'est prise, la procédure pourra alors se poursuivre avec l'obtention des permis nécessaires à la construction des logements (140 maisons et près de 120 appartements). Sachez encore que le promoteur immmobilier est Matexi.
Un recours au Conseil d'Etat est en cours
Pour Benoît-Michel Morimont, habitant de la Chaussée de Charleroi, opposant et membre de l'Asbl GRAD, ce projet est disproportionné : "Selon moi, il faut d'abord commencer à réhabiliter le chancre de la sucrerie avant de construire sur la ZACC". Un recours au Conseil d'Etat contre ce projet a été déposé en juillet 2015 par l'Asbl GRAD et par un habitant. Les opposants attendent à présent la décision finale. En attendant, selon Benoît-Michel Morimont, "c'est le pot de terre contre le pot de fer". De plus, de nouvelles inquiétudes se posent chez les riverains proches suite aux récentes inondations à Genappe. La peur des opposants est clairement de voir trop de logements construit sur le site. Des questions de mobilité et un manque de concertation avec les responsables politiques locaux sont également évoqués par l'opposant.
Des oppositions aussi au niveau de la minorité politique
Pour Jean-François Mitsch, conseiller communal socialiste à Genappe, lui aussi se prononce contre ce projet. Selon lui : "les riverains ont déjà exprimé leurs oppositions, mais surtout certaines propositions citoyennes ou de l'opposition ne sont pas reprises dans le projet et rendent celui-ci complètement absurde dans l’élaboration d’une urbanisation cohérente à Genappe. Il est évident quand on visite Genappe que la priorité est la densification du centre-ville (y compris l’ancienne sucrerie) et le retour d’une activité commerciale, touristique et culturelle et la suppression des chancres urbains. Des projets existent d’ailleurs au nord de la ville et au centre sur des terrains publics (parking Beghin). Mais on se demande pourquoi ces projets n’avancent pas depuis 25 ans !" Pour Jean-François Mitsch : "le site industriel de la sucrerie doit être dépollué en priorité avant d’utiliser des terres agricoles"
On l'a compris ce dossier de la réhabilitation de l'ancienne sucrerie est un sujet sensible à Genappe. Les opposants sont nombreux et l'ouverture de cette enquête publique devrait raviver les tensions.
Mathieu Baugniet - Photo : Tristan Scarniere.