En l'espace d'une dizaine de jours, deux pollutions aux hydrocarbures ont entaché le Piétrebais, cours d'eau qui s'écoule dans la commune de Grez-Doiceau. L'inquiétude monte chez les exploitants de la Ferme du Petit Sart.
Mauvaise surprise ce mercredi alors que des habitants de la rue du Grand Sart constatent une forte odeur d'hydrocarburant en provenance du Piétrebais. Force est de constater que du mazout s'est échappé d'une ancienne cuve enterrée face à l'ancienne ferme Clabots, dont le propriétaire des lieux n'avait pas connaissance.
"La police communale puis les pompiers de Wavre sont intervenus. Ils ont directement installé un barrage flottant pour tenter, vaille que vaille, de retenir les hydrocarbures. Le lendemain, jeudi, constatant toujours des écoulements, le fils du propriétaire a dû faire appel à la société Urgence Dépollution Hydrocarburant basée à Engis pour assurer deux missions : pomper le carburant flottant dans le ruisseau, et vider la vieille cuve à mazout", raconte Carl Vandoorne, fondateur de la Ferme du Petit Sart. Déroulé des évènements qui nous est confirmé par le bourgmestre grézien, Paul Vandeleene. Le maïeur assure que le service travaux s'assurera qu'il ne subsiste aucun résidu d'hydrocarbure à la source de la fuite et du retour à la normale de la situation sur le cours d'eau durant les prochains jours.
Photo : La société spécialisée dans la dépollution aspire les résiduts d'hydrocarbures dans la citerne qui a fui.
Des fuites engendrées par les intempéries
Cet incident survient moins de deux semaines après une autre importante pollution aux hydrocarbures sur ce même ruisseau. Le 10 mai, un habitant de la rue de Cocrou signale la présence de mazout s'écoulant du Ry de Beausart directement dans le lit du Piétrebais. Un barrage flottant avait également été déployé par les services de secours pour retenir les hydrocarbures flottant à la surface des eaux. La source de cette fuite reste inconnue à ce jour.
Deux cas vraisemblablement isolés mais qui résulteraient probablement des importantes précipitations enregistrées au cours des dernières semaines. "La terre peut bouger et exercer des pressions sur des objets enterrés comme les citernes à mazout, qui se fissurent", explique Carl Vandoorne. Un phénomène confirmé par le Contrat de Rivière Dyle-Gette (CRDG) qui rappelle à quel point il est important de contrôler régulièrement sa citerne à mazout. D'autant que ce type pollution engendre des coûts importants. "Les déchets sont évacués vers des filières spécialisées qui sont très coûteuses", précise Isabelle Delgoffe, porte-parole du Contrat de rivière.
Des conséquences lourdes
"Lorsque vous avez une fissure dans une citerne aérienne, vous le sentez ; mais on ne se rend compte de rien avec les citernes enterrées. D'où l'importance de veiller à leur état." L'écoulement d'hydrocarbures vers le réseau d'égouttage peut entraîner une mise à l'arrêt d'une station d'épuration. Dans le cas où des terres sont impactées, on parle alors de dépollution sur plusieurs années pour des coûts évalués à plusieurs dizaines voire centaines de milliers d'euros.
Des pollutions, le Contrat de Rivière en enregistre actuellement une par semaine sur l'ensemble des cours d'eau sous sa protection, bien plus que la normale. "Dans 80% des cas, il s'agit d'hydrocarbures. Il peut s'agir de négligence, de méconnaissance, d'un accident de voirie ou d'autres cas comme un renversement de citerne comme il s'en est produit lors des récentes inondations à Walhain", détaille Isabelle Delgoffe.
Terres bio en danger ?
La Ferme du Petit Sart, une exploitation agricole bien connue de la région, qui œuvre pour un retour à une agriculture durable, s'inquiète pour ses terres. Depuis de nombreuses années, un projet de barrage et de Zone d'Expansion des Crues dans la Bio'Vallée du Piétrebais oppose les cultivateurs à la Province du Brabant wallon et inBW, porteurs du projet. Les pollutions aux hydrocarbures observées ces derniers jours ont déjà été observées lors de précédentes intempéries. Carl Vandoorne craint que la retenue des eaux engendrée par le barrage pollue les terres de la Ferme du Petit Sart, les rendant totalement inexploitables dans les années qui suivent.
À ce stade, on ne mesure pas vraiment l'impact des pollutions observées sur le Piétrebais. "On parle de quelques litres pour la première. Mais en ce qui concerne la seconde, on ignore la quantité d'hydrocarbures que contenait la citerne. L'important, c'est d'avoir trouvé la source", conclut la porte-parole du CRDG.
Propriétaires d'une citerne à mazout ? Vous voilà alertés. Toutes les recommandations concernant l'entretien et le contrôle de votre citerne sont trouvables ici afin de limiter au maximum ce genre d'incidents.