171 kilomètres de course, 10.000 mètres de dénivelé positif, des franchissements de cols qui dépassent parfois les 2.500 mètres d'altitude... Ce sont les chiffres hallucinants de l'Ultra Trail du Mont-Blanc, une course mythique des amoureux du trail venus des quatre coins du monde. Ce défi sportif, cinq Brabançons ont décidé de le relever. Ils prendront bientôt le départ de ce qui peut s'apparenter pour beaucoup à un enfer, pour eux, à un profond désir.
Cinq ans de préparation
Sébastien F., Sébastien L., Dimitri, Bruce et Olivier sont amis, quarantenaires, sportifs au quotidien et adeptes de marche en montagne mais pas tous coureurs dans l'âme. Portés par l'un d'entre eux, qui a déjà réussi l'exploit quelques années plus tôt, le groupe se décide en 2016 à tenter de décrocher une qualification pour l'UTMB... de 2019.
Se qualifier pour une course de la sorte relève déjà de l'exploit puisqu'il faut engranger un certain nombre de points sur des ultra-trails qualificatifs en Europe. Qui dit trail, dit dénivelé. Et ça, ce n'est pas le point fort de notre Plat Pays. Il faut donc rivaliser d'ingéniosité pour se préparer à de telles courses. "On recherche les côtés les plus hautes en Belgique et on les enchaîne", explique Olivier Ferrard. Le groupe répète ainsi l'ascension de la Citadelle de Namur ou des Rochers du Paradou (Yvoir) à 20 ou 30 reprises pour cumuler plusieurs centaines de mètres de dénivelés.
L'entraînement paie mais pas pour tout le monde. Faute d'avoir su qualifier l'ensemble du groupe en 2019, les membres se décident à reporter la course d'un an. Covid oblige, l'UTMB 2020 n'a pas eu lieu, voilà nos cinq sportifs contraints à tenter la qualification pour 2021. Cette fois, l'ensemble des membres du groupe décroche le précieux sésame, l'un des 2.300 tickets pour participer à l'UTMB.
La faim et la fatigue
La ligne d'arrivée, s'ils espèrent la passer tous les cinq, seuls la moitié des coureurs alignés sur le départ y arrivent. Les principaux obstacles auxquels les coureurs vont faire face : la fatigue et la faim.
L'équipement d'un traileur au départ d'une course. Plusieurs points de ravitaillement permettent de recharger ses réserves en boissons et en alimentation.
"J'ai peur du manque de sommeil, surtout lorsqu'il faudra encore courir pendant une deuxième nuit", s'inquiète Olivier. Car pour boucler la distance, les coureurs estiment avoir besoin de 40 heures pour les plus rapides à 46 heures et 30 minutes, soit le temps réglementaire imparti. Autrement dit, deux nuits blanches passées... à courir. La faim, c'est l'autre grand ennemi, la moitié des abandons y est liée, selon Olivier : "Un mal musculaire, on peut prendre sur soi mais quand on a des douleurs d'estomac, il n'y a plus rien à faire".
Des sacrifices et un mental d'acier
Si rien ne permet de préparer à la faim et la fatigue, le mental en revanche, ça se travaille. "On se force à courir de nuit, quand il pleut ou même les lendemains de soirées. Il faut se mettre en position d'incomfort", indique Olivier. "Pendant l'épreuve, on saucissonne la course en plusieurs portions, on se fixe des objectifs intermédiaires et on essaie de minimiser la difficulté."
Quand on se lance dans un défi d'une telle ampleur, c'est évidemment au prix de bien des efforts qu'on peut espérer arriver au bout. "C'est difficile de combiner sa vie professionnelle, de famille et la préparation", confie Olivier, qui compte bien passer à un sport moins chronophage une fois l'UTMB passé, avec pourtant quinze ans de course à pied derrière lui.
Au sommet de l'Europe
Malgré les difficultés et l'inquiétude grandissante à l'approche de la course, c'est l'excitation qui règne chez nos cinq traileurs brabançons. "C'est une sorte de mélange entre impatience, excitation et stress", indique Sébastien L. Parce que la course, c'est aussi deux jours à faire le tour du Mont Blanc, un décor à couper le souffle que recherchent avant tout ces sportifs hors normes.
Olivier Ferrard, Sébastien Lemaître, Bruce Byiers, Dimitri De Wolf et Sébastien Fisse (de gauche à droite) comptent bien franchir la ligne d'arrivée tous les cinq, chacun à son rythme.
Dimitri, Bruce, Olivier et les deux Sébastien s'élanceront depuis Chamonix ce vendredi à 17 heures. Ils traverseront la France, l'Italie et la Suisse avec, on leur souhaite, une arrivée victorieuse une quarantaine d'heures plus tard au pied du Mont Blanc.
Florentin Franche