C'est officiel depuis ce matin, le Ministre wallon de la Mobilité et de la Sécurité routière Carlo Di Antonio a décidé de rétablir le statut de "route pour automobiles" sur l'ensemble de la N25. Cela signifie que les véhicules lents - qui circulent à moins de 45 km/h - ne pourront plus l'emprunter. Par conséquent, les tracteurs qui y circulaient seront dorénavant interdits.
Ce mesure entrera en vigueur dès le 1er janvier 2020, le temps de permettre aux agriculteurs de terminer la saison betteravière et, au Service Public de Wallonie, de mettre en œuvre les mesures d'accompagnement nécessaires.
Cette décision résulte du danger qui découle du différentiel de vitesse entre les tracteurs roulant à 30 km/h et les automobilistes autorisés à rouler jusqu'à 120 km/h. Ce fossé de 90 km/h a déjà causé plus d'un accident mortel, pas plus tard qu'en février dernier où un agriculteur a perdu la vie dans une collision avec une voiture. De fait, la route est considérée comme la plus "accidentogène" des voiries où cohabitent tracteurs et voitures, on y constate en effet 4 fois plus d'accidents que sur d'autres routes similaires.
Des mesures d'accompagnement sont toutefois prévues pour permettre aux tracteurs de trouver une alternative à cette chaussée, il s'agit du renforcement et de la réhabilitation de la N237a à Court-Saint-Étienne et du réaménagement partiel du stationnement de la rue de Ways à Genappe. Par ailleurs, un radar tronçon sera installé à hauteur de Bousval et permettra de sécuriser le tronçon entre Court-Saint-Etienne et Genappe-Ways. Sa mise en service est également prévue à partir du 1er janvier 2020.
L'utilisation des bandes d'arrêt d'urgence et l'abaissement de la vitesse autorisée à 90 km/h ont également été envisagés mais la première solution a été exclue en raison de l'étroitesse des bandes et, la seconde, ne permettait de résoudre totalement le problème d'insécurité dû au différenciel de vitesse.
Une décision vivement critiquée
Les réactions n'ont pas tardé à se faire entendre. C'est la surprise du côté du maïorat genappien : "Je ne m'y attendais pas du tout puisque la concertation n'a pas été relancée ces derniers mois", se désole Gérard Couronné. "C'est une décision unilatérale qui a été prise par le ministre, c'est incorrect vis-à-vis du monde agricole".
Le bourgmestre de Genappe craint d'ores et déjà les conséquences de cette décision pour sa commune puisque les engins agricoles seront amenés à traverser le centre de la commune. "C'est évidemment impensable quand on voit la taille des véhicules agricoles aujourd'hui, on imagine pas qu'ils repassent par la rue de Ways, par le centre de Bousval, par le centre-ville et continuer comme ça vers la chaussée de Nivelles". Gérard Couronné est catégorique : "Les véhicules ne sauront pas passer dans nos villages".
"Un acte de vengeance de fin de règne"
Pierre Vromman, président de la section Nivelles-Genappe de la FWA, qualifie de "vengeance de fin de règne" la décision du ministre, un avis partagé par André Flahaut qui a réagi dans un communiqué : "Le Ministre soit, fait un dernier effet d'annonce soit de la provocation et semble ignorer à la fois les positions des élus des communes impactées, de la province du Brabant wallon et des utilisateurs pénalisés".
Pour Pierre Vromman, "C'est la solution de la facilité, on déplace le problème de la RN25 sur la nationale 237 avec beaucoup plus de risques". Le seul point positif pour le président de la section Nivelles-Genappe de la FWA, c'est l'installation d'un radar-tronçon sur la N25. Son seul espoir désormais, c'est que le prochain ministre en charge de la Mobilité casse la décision de Carlo Di Antonio.
Florentin Franche