C'est un projet aux multiples dimensions qui devrait voir le jour dans les prochaines années le long de la rue de Franquenies à Ottignies. Le site industriel de 4,4 hectares anciennement occupé par la briqueterie Debruyker - dont l'activité s'est interrompue dans les années 70 - devrait voir naître un lieu de vie pour une quarantaine d'habitations, de l'habitat léger, de l'habitat groupé, ainsi qu'une terre d'accueil pour les artisans. C'est en tout cas le vœu de Natacha Legrand, qui porte ce projet depuis près de 5 ans avec deux autres amis.
"On était juste trois copains et on voulait monter un habitat groupé. C'est juste parti comme ça"
Tout démarre d'une idée : créer un lieu de vie partagé où les différentes générations vivent en symbiose les unes avec les autres. D'autres dimensions se greffent au projet de départ, comme la notion de résilience, l'écologie, la vie en communauté.
L'entrée du site invite à laisser sa voiture et poursuivre sa route à pied
Le trio se met en quête d'un site adapté à ses ambitions et l'ancienne briqueterie Debruyker sonne comme une évidence. Le seul hic, c'est que la parcelle n'est pas urbanisable, ce qui en réduit par ailleurs le prix d'achat. Le chemin s'annonce donc long et tortueux mais pas de quoi effrayer les porteurs du projet qui comptent deux urbanistes dans leurs rangs. Le groupe fait une offre au-delà de ses moyens dans l'espoir de voir d'autres motivés se joindre à l'aventure. Très rapidement, d'autres coopérateurs montent à bord du bateau et l'achat du terrain peut être financé.
Brique après brique, la Briktrie se construit
Au fil des ans, le site prend forme. Les coopérateurs mettent la main à la pâte pour remettre de l'ordre sur ce site qui a vu les années défiler. Plusieurs bâtiments de l'ancienne briqueterie ont été réaménagés, les déchets qui jonchaient le sol ont été évacués. Au total, une quinzaine de conteneurs auront déjà été nécessaires pour nettoyer les lieux, bien que des gravats sont encore présents.
Seul vestige du passé industriel du site, un bulldozer attaqué par la rouille et figé par le temps.
Six habitations légères occupent d'ores et déjà le terrain suivant un accord tacite passé avec les autorités locales afin d'éviter que de squatteurs ne s'installent sur le terrain.
Quelques-unes des habitations légères qui maintiennent un peu de vie sur le site.
L'objectif de la coopérative, à terme, c'est de laisser place à toutes les générations. Pour cette raison, quelques places restent volontairement vacantes au sein de la coopérative et sur le site. Difficile pour les aînés de se projeter sur plusieurs années, mais lorsque le projet aboutira, les seniors seront accueillis à bras ouverts.
L'ancienne briqueterie, terre d'accueil pour artisanat et services
L'autre volet de la Briktrie, c'est de transformer les bâtiments de l'ancienne usine en locaux destinés à accueillir des artisans, des commerces et des services en accord avec la philosophie des lieux. Un ancien entrepôt a d'ores et déjà été transformé pour accueillir B.A. Bois, une asbl qui accompagne les autoconstructeurs dans la conception de leur habitat léger.
Un ancien bâtiment de la briqueterie a été transformé en atelier pour l'autoconstruction d'habitations légères
La priorité de la coopérative, c'est d'accueillir d'autres indépendants, bénévoles et artisans, pour la simple et bonne raison que l'affectation du site le permet, contrairement à l'habitat pour l'instant. Mais les choses avancent bon train puisque la validation de l'avant-projet de SOL pour le nouveau mini-quartier devrait être votée lors du conseil communal de février. Les coopérateurs se disent confiants puisque la Ville d'Ottignies-LLN a elle-même affirmé son intention d'accueillir plus d'habitat léger sur son territoire. Reste que le voisinage voit d'un bon œil l'arrivée de nouveaux occupants à proximité mais les coopérateurs mettent tout en œuvre pour s'intégrer dans le quartier.
S'intégrer dans le paysage et non devenir un cul-de-sac
Un point important devra être réglé dans les prochains mois : la question de la mobilité. Le site étant accessible depuis la rue de Franquenies, située la voirie qui relie Ottignies et Louvain-la-Neuve, les coopérateurs espèrent ne pas gêner le trafic déjà important sur cet axe. D'une impasse, la coopérative espère aussi devenir une liaison à mobilité douce vers Court-Saint-Étienne. Autant de questions qui seront réglées à l'avenir. Rendez-vous en 2028, d'ici-là, Natacha Legrand espère voir son projet concrétisé et s'y installer aux côtés de ses nouveaux voisins.
Florentin Franche