Les journées du patrimoine ont lieu ce week-end. Ce samedi et ce dimanche, il sera possible de découvrir près de 200 endroits en Wallonie, rassemblés sous la thématique 'patrimoine et nature'. Des activités pour lesquelles il est indispensable de s'inscrire à l'avance. C'est le cas de la balade de quatre kilomètres organisée à Chaumont-Gistoux. Un spécialiste emmènera les groupes à la découverte d'un endroit méconnu : la levée de terre du Michelsberg. Un site occupé et aménagé par l'homme dès le Néolithique. On y a notamment trouvé de nombreux outils en silex.
La fin des chasseurs-cueilleurs
A quelques minutes du centre de Gistoux, sur les hauteurs qui surplombent le centre sportif André Docquier, il faut s’enfoncer de quelques mètres dans les bois pour découvrir l'endroit. La levée de terre est bien visible, mais il est facile de passer à côté sans s’interroger. Elle est pourtant l’oeuvre de l’homme. Des fouilles menées dans les années 60 l’ont confirmé, même si le site était connu auparavant. "La constitution des enceintes avec fossé et levée de terre est caractéristique de la période du Michelsberg durant le néolithique moyen (-4300 à -3800 avant JC). Ici, il s'agit sans doute d'un site qui date de la fin du Michelsberg, vers -3800", détaille Yvan Capouet, auteur de 'La levée de terre du Michelsberg'.
Le site, installé à un endroit stratégique sur les hauteurs au dessus de deux cours d’eau et de marécages, s’étend sur plusieurs dizaines d’hectares. Il fut occupé à diverses périodes, mais il est difficile de savoir précisément quelle était son affectation. "Il semble que les sites d'enceinte ne sont pas toujours des sites d'habitat. On a pensé à un site de parquage d'animaux ou un endroit de rassemblement pour des festivités annuelles. Cette période correspond à la sédentarisation des chasseurs-cueilleurs. Ils ont commencé à gérer des territoires, sont passés de petits groupes à de plus grands. Il y avait peut-être ici des rassemblements destinés à la comparaison entre les troupeaux".
De nombreux objets retrouvés
Pour en savoir plus, il faudrait des fouilles plus poussées que celles effectuées succinctement en 1960 au moment où un projet de lotissement menaçait l’endroit. Mais une analyse des pollens a tout de même permis de déterminer qu’une forêt peu dense de tilleuls couvrait le site au moment de l’installation humaine, environnement propice à l’élevage. Et au fil du temps, des objets ont aussi été découverts par plusieurs personnes. "Un historien local, Marcel Louette, par exemple, a trouvé près de 200 objets en silex en passant après le labour dans les champs à proximité du site", raconte Yvan Capouet. "Les objets les plus anciens sont ceux des chasseurs-cueilleurs, qui datent du mésolithique (-7000 à -6000 ans). Ils sont extrêmement fins. Viennent ensuite des outils de grandes dimensions, comme des têtes de hache polies, utilisées au Michelsberg. On ne trouve pas du tout ce type de silex par ici, ils doivent donc provenir de Spiennes. Et on trouve encore des vestiges de deux autres périodes".
Récemment, une analyse de ces objets et de ceux provenant de Chaumont-Gistoux conservés au Musée du Cinquantenaire a été effectuée par l’archéologue Nicolas Cauwe. Les connaissances s’étoffent. Yvan Capouet les a compilées dans un livre qui va paraître dans les prochains jours, en collaboration avec le Cercle d’histoire. Il sera vendu 15 euros. Pour l'obtenir, vous pouvez vous renseigner auprès de l'ASBL : cerclehistoirechaumontgistoux@gmail.com.
Pour vous inscrire aux journées du patrimoine, il faut vous inscrire obligatoirement.
François Namur - Images : Samuel Francis