Des pièces de monnaie, des balles de mousquet, des morceaux de fusil et de fourreau, un dé à coudre : voici quelques uns des objets trouvés sur le site de la Ferme d’Hougoumont durant cette campagne 2018 de fouilles Waterloo Uncovered.
Un silex du néolithique !
Mais, si les archéologues cherchent prioritairement des traces de la bataille de 1815, il leur arrive pourtant de mettre la main sur des vestiges différents. Par exemple, un silex bien plus ancien ! "Cela date de la période néolithique comme définie en Angleterre, je sais qu’ici, vous utilisez des dates différentes. Cela date d’il y a 3 à 4 000 ans. C’est un silex qui a été travaillé et qui a été utilisé, parce que l’on voit qu’il a été retravaillé après avoir été endommagé. C’est la pièce la plus ancienne que nous avons trouvée", analyse Hillery Harrison, une archéologue de la mission. Les plus belles pièces trouvées par Waterloo Uncovered, ce sont celles de l’an dernier : deux boutons, l’un d’un officier français et l’autre des ColdStream Guards.
Les équipes sont aussi à la recherche des traces de certains bâtiments, notamment près de la porte nord. Objet et bâtiment permettent d’affiner et renforcer les connaissances à propos des affrontements de juin 1815. "Actuellement, on est dans la cour intérieure, près de la porte nord, là où les Français ont réussi à entrer. On est en train d'essayer de trouver les restes d'une ancienne grange et on a été assez chanceux. On a effectivement retrouvé les restes des fondations des murs. On a une équipe extrêmement performante au niveau GPS qui enregistre tous les éléments trouvés et leur localisation précise. Cela permet de retracer le déroulement de la bataille. Par exemple, là, il y a eu beaucoup de balles françaises tirées, cela veut dire que le plus fort du combat se situe à cet endroit", détaille Eva Collignon, superviseur de Waterloo Uncovered. "Pour les soldats qui ont écrit leur histoire après la bataille, c'est souvent très difficile de savoir exactement ce qu'ils ont vu et ce qu'il s'est passé, parce qu'il y avait l'adrénaline, la fumée des tirs de mousquet", poursuit Alexandra Cauvi, project officer. "Chaque personne a vraiment un point de vue, et même d'une personne à l'autre d'un même régiment, on n'entend pas forcément les mêmes témoignages. L'archéologie est là pour trouver le plus possible de factuel".
Un projet également thérapeutique
Sur le chantier, la langue utilisée est l’anglais. Et pour cause, puisque beaucoup de Britanniques composent les équipes. On trouve aussi des Hollandais et quelques autres nationalités. Certains sont archéologues, comme le célèbre Phil Harding. D’autres sont des militaires encore en service ou non, victimes de blessures ou de stress post-traumatique. Waterloo Uncovered est, en effet, aussi un projet social et thérapeutique. Au commencement, en 2015, ils n’étaient que 20, mais pour cette édition, on dénombrait 80 participants ! L’initiative rencontre un vrai succès.
'Mon héritage'
Camille Michiels, elle, est la seule brabançonne wallonne des équipes de fouilles. Cette habitante de Genappe, archéologue de formation, participe pour la deuxième fois et y voit une chance unique. "C'est mon héritage, en fait ! Quand ils ont commencé ici en 2015, tout ce que j'ai pensé, c'est 'J'ai envie de venir, de faire les fouilles'. L'an passé, j'avais l'été libre, je me suis lancée et ils m'ont dit de venir. Avec les vétérans, c'est vraiment bien. Ce sont des gens qui n'ont jamais fait d'archéologie, pour la plupart. Pour nous, leur montrer ce que l'on sait faire, c'est absolument génial. Et personnellement, j'apprends beaucoup. Phil Harding, c'est un grand archéologue, il n'y a pas mieux que lui comme prof. Là, il nous a appris énormément, et cela va au détail près".
Waterloo Undercovered met un terme à son chantier ce samedi. Les objets trouvés vont être envoyés en Angleterre pour être datés et analysés, avant de peut-être revenir, plus tard, enrichir les musées du champ de bataille.
François Namur - Images : Patrick Lemmens