En Brabant wallon, 27% de la population fume. Cela représente plus de 106.000 personnes. Imaginez-vous le nombre de mégots créés chaque jour ! Pour beaucoup, les mégots se retrouvent sur les trottoirs ou dans les bouches d'égout et pourtant... les mégots présentent des substances souvent toxiques. Pour contrer ce fléau, la commune de Waterloo devient la première commune belge à se lancer dans le recyclage des mégots de cigarettes. Ce lundi, une dizaine de cendriers ont été installés dans le centre-ville.
MéGO !
"Les ouvriers communaux voient très bien le résultat des campagnes de sensibilisation pour les déchets. Ces derniers diminuent fortement dans les rues. Seul hic : les mégots sont toujours aussi nombreux" explique Florence Reuter, Bourgmestre de Waterloo. Le nettoyage qui en résulte coûte très cher à la Commune. Il a aussi un lourd impact sur l'environnement. "Un seul mégot peut polluer jusqu'à 500 litres d'eau à lui tout seul" observe Philippe Jammes de l'entreprise française MéGO! qui s'occupe du recyclage de ces déchets.
Ainsi, dix nouveaux cendriers ont été installés à divers endroits du centre-ville. Une fois récoltés, les mégots sont entreposés en Belgique grâce à la startup WeCircular. "Tous les 5 à 6 mois, le temps d'avoir suffisamment de kilos de mégots, nous irons les porter dans l'usine à Brest (France) pour qu'ils soient recyclés" témoigne Guillaume Berlemont, fondateur de cette start-up.
Le déchet est d’abord broyé pour séparer ses différents composants. Le tabac et le papier sont transformés en compost. Quant au filtre, il passe dans plusieurs bains d’eau pour subir une dépollution. "Le traitement des mégots se fait en circuit fermé, avec un coût énergétique faible" assurent les représentants de MéGO!. Une fois dépollué, les filtres sont thermocompressés. "On en fait des plaques de 50 sur 50 et de 2 cm d'épaisseur. Avec ces plaques, nous faisons des objets tels que des supports de téléphone portable, des goblets, des tabourets,..." sourit Philippe Jammes. Avec les 10 cendriers installés, les fumeurs waterlootois peuvent donc ainsi créer 20 supports de téléphone portable chaque mois !
Recycler plutôt qu'incinérer
Le recyclage a, bien sûr, un prix : 4.500 euros pour l'achat des cendriers et la même somme pour le recyclage des mégots durant un an. Un coût "6 à 7 fois plus important" que pour l'incinération des déchets traditionnelle. "Le but est de sensibiliser la population à l'intérêt de jeter son mégot dans ce type de cendrier et se dire : 'derrière ce mégot, il y a une nouvelle vie, il est recyclé, il est réutilisé.' Il y a donc une démarche écologique derrière tout cela" insiste la Bourgmestre.
Waterloo est la première commune belge à franchir le pas du recyclage de mégots mais elle ne sera certainement pas la seule très longtemps. "Etterbeek, Saint-Gilles, Namur ou encore l'entreprise GSK sont sur la liste des intéressés" affirme Guillaume Berlemont.
Florence Gusbin - Images : Dominique Tournay