"Une situation ubuesque". C'est de cette manière que la direction de l'Institut Cardinal Mercier de Braine-l'Alleud décrit les événements auxquels un de ses professeurs est actuellement confronté. David Mbombo, citoyen congolais résident en Belgique depuis neuf ans, est sommé de quitter le pays. Depuis le 9 mars, le collège brainois a été contraint de rompre son contrat avec le professeur de religion pourtant titulaire du diplôme requis délivré par une université belge, une espèce devenue rare en Fédération Wallonie-Bruxelles, comme le disent si bien les membres de la direction.
Comment en est-on arrivé à cette situation ?
La situation qui aurait conduit David Mbombo a une menace d'expulsion n'est autre... que son poste au sein du Collège Cardinal Mercier. Embauché par l'école secondaire à temps plein en septembre 2021, le professeur boucle une première année scolaire sans encombre. Son contrat prend fin le 30 juin 2022, n'étant pas nommé. Le 29 août 2022, l'école renouvelle le contrat de David Mbombo, dont le travail donne entière satisfaction, tant à la direction qu'aux élèves du collège brainois.
C'est précisément cette interruption entre le 1er juillet et le 28 août qui va conduire l'Office des Étrangers à ordonner l'expulsion de David Mbombo, estimant qu'il était en situation irrégulière. "Or, cette situation contractuelle n'est due qu'à un malheureux vide juridique [...] pour la législation scolaire, le contrat ne peut être renouvelé qu'à la rentrée scolaire et pas avant !", indique la direction du collège dans une lettre ouverte.
Travailleur qui cotise n'a pas sa place en Belgique
Les imbroglios administratifs s'enchaînent entre le collège, les instances régionales, communautaires et fédérales. De surcroît, le malheureux professeur affirme ne pas avoir reçu l'ordre de quitter le territoire délivré par l'Office des Étrangers le 1er juillet 2022. Risquant de se voir sanctionnée, l'école est contrainte de rompre le contrat de David Mbombo, qui risquerait lui aussi de devoir rembourser les salaires qu'il a touchés depuis le début de l'année scolaire en cours.
"Notre État préfère renvoyer au Congo un homme qui travaille depuis son arrivée dans notre pays, qui paie donc ses impôts et côtise !", commente la direction du Collège Cardinal Mercier. Les différents courriers adressés aux cabinets de la ministre wallonne de l'Emploi, Christie Morreale, et de la ministre de l'Enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles, Caroline Désir, sont restés sans réponse à ce jour.
Florentin Franche