"Le début, c'est les berdouilles"! Armand Delcampe, le fondateur du Théâtre Jean Vilar a le verbe fleuri quand il s'agit de parler des débuts du théâtre. En tout cas de son arrivée en 1975 à Louvain-la-Neuve. "Y avais pas un bâtiment à l'Hocaille. On a restauré la ferme du Blocry. Sinon, il n'y avait que des betteraves tout autour. On a donc mis un chapiteau."
"Nous sommes des ouvriers"
Voilà le début de l'aventure. Et puis le théâtre a pu intégrer le bâtiment actuel dans le centre-ville. "Nous sommes arrivés ici grâce à un homme: Michel Watrin. J'ai commencé à jouer ici puis j'ai été dans le Brabant wallon."
Le Théâtre Jean Vilar est devenu une institution en partie francophone et bien au-delà. Durant toutes ces années, Armand Delcampe a mettre en avant le terme Atelier qui figure dans l'appelation de l'institution. " Nous sommes des ouvriers, poursuit-il. Mon père était mineur. On n'est pas responsable de ses origines mais je revendique l'artistocratie ouvrière. J'ai voulu le théâtre pour tous. Les gens pauvres, ils ont le droit de regarder la cathédrale de Reims ou Notre-Dame de Paris. Et donc ils ont droit au chefs-d'oeuvre de la littérature."
A l'occasion des 50 ans du théâtre, Armand Delcampe en a profité pour remercier ses nombreux collaborateurs. Mais le merci final, il l'adresse au public. "Le public ne m'a jamais abandonné, conclut-il. C'est pas une victoire, c'est un lien. Jean Vilar m'a dit un jour: le public se crée comme le poème dramatique."
Pierre Thirion - Images: Samy Lamloum.